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Discours liminaire de Madame la Préfète
Mesdames,
Messieurs,
Au nom de tous les personnels de l’Athénée Royal –Ecole d’Hôtellerie de Spa, je vous souhaite la bienvenue à cette cérémonie du souvenir, cérémonie d’une extrême importance pour notre établissement. Je vous remercie d’avoir répondu en nombre à notre invitation : en effet la cérémonie aurait moins de portée sans vous.
Cérémonie de souvenir. Souvenir de la fin de la première guerre qui a touché le monde entier. C’est la première fois qu’une guerre faisait autant de victimes et de dégâts. On a vu apparaitre pour la première fois aussi de nouvelles armes (mitraillettes, tanks,…) et les premiers combats aériens. Les quatre années de conflits ont tué pas moins de 9 millions de soldats et fait deux fois plus de blessés et de mutilés. Des villes et des villages ont été complètement détruits.
Cérémonie de souvenir. Souvenir de quatre ans de souffrance : l’enfer des tranchées pour les soldats mais l’enfer aussi pour les civils : plus de 6 millions de civils perdront la vie – hommes, femmes et enfants. Il est important que nous nous souvenions de tous les compatriotes qui ont perdu la vie qu’ils soient militaires ou civils. Ces hommes et ces femmes ont perdu la vie pour que nos libertés survivent.
Si vous le permettez, j’aimerais cette année insister sur l’importance des femmes durant la guerre. On les oublie parfois face aux exploits de leur père, de leur frère, de leur époux, de leur enfant. Les femmes ont, à leur manière, contribué à l’effort de guerre.
Avec le départ des hommes pour la guerre, elles devront les remplacer dans tous les domaines : elles fabriqueront des armes dans les usines, elles distribueront le courrier, elles conduiront les camions, les tramways. Dans les campagnes, elles seront souvent seules avec leurs enfants ou leurs vieux parents dans les fermes et elles assumeront le travail des champs.
Beaucoup deviendront infirmières. D’autres seront marraines de guerre : elles écriront des lettres d’encouragement, enverront des colis aux soldats qu’elles rencontreront parfois lors d’une permission…
Beaucoup seront veuves et deviendront cheffes de famille. D’autres encore feront de la résistance comme Edit Cavell.
Souvenons-nous d’elles, de toutes ces femmes qui ont participé à la libération de notre pays en soutenant le moral des soldats sur le terrain.
C’est pour toutes ces femmes et ces hommes que nous devons prolonger les cérémonies d’hommage afin que chaque être humain, chaque belge se souvienne, n’oublie pas que les libertés, nos libertés ont été protégées de la pire des manières, par la mort d’autres êtres humains. Souvenons-nous d’eux et n’oublions pas.
Les étudiants de l’Athénée Royal-Ecole d’Hôtellerie du fondamental jusqu’en rhétorique se souviennent et honorent les héros de notre Belgique. Ils vont encore aujourd’hui vous le prouver en lisant des textes sur lesquels ils ont réfléchi, en lisant des discours qu’ils ont rédigés. Je m’en voudrais aussi de ne pas remercier les professeurs qui les accompagnent dans cette réflexion.
Je vais laisser la parole aux étudiants, aux véritables acteurs de la cérémonie, en espérant que jamais ils ne connaitront les peurs d’une guerre. A nous adultes de les protéger en tirant les leçons du passé.
Textes des élèves du fondamental
14/18 Folie meurtrière.
(Elèves de 6e Primaire – Implantation du Centre).
14/18
C’était la grande guerre
Ils ont vécu l’enfer
C’était la grande guerre
La folie meurtrière
Par un beau jour d’été
Sous le ciel bleu d’azur
Le clairon a sonné
Pour la grande aventure
Ils partirent faire la guerre
Au nom de la patrie
Ils étaient jeunes et fiers
Et la fleur au fusil
Mais du chemin des dames
Au fort de Douaumont
Ils ont perdu leur âme
Sous le feu des canons
Avec la peur au ventre
Ils chantaient La Madelon
En plein mois de décembre
Quand ils montaient au front
Ils tombaient un à un
Fauchés par la mitraille
De la Marne à Verdun
Au cœur de la bataille
Partout des trous de bombes
Partout des trous d’obus
Comme la fin d’un monde
Qui leur tombait dessus
Ils ont pleuré de joie
Le jour de l’armistice
Quand enfin arriva
La fin de leur supplice
Après un grand silence
Les cloches de la paix
Dans le ciel de France
Se mirent à sonner.
Poème.
(Par Estelle BRAHAM, Jodie WISLET, Zana REDZEPI, Alexia DELFORGE,
Chloé PETITHAN, Cerine BEN REDJEB- Elèves de 6e Primaire – site du Rener).
Les enfants de la guerre
Ne sont pas des enfants
Ils ont connus la terre
À feu et à sang
Ils ont eu des chimères
Pour aiguiser leurs dents
Et pris des cimetières
Pour des jardins d’enfants
Les enfants de la guerre
Ne sont pas des enfants
Ils ont vu la colère
Etouffer leurs chants
Ont appris à se taire
Et à serrer les poings
Quand les voix mensongères
Leur dictaient leur destin
Les enfants de la guerre
Ne sont pas des enfants
Ils ont l’âge de pierre
Du fer et du sang
Sur les larmes de mères
Ils ont ouvert les yeux
Par des jours sans mystère
Et sur le monde en feu.
Le dormeur du val.
(Arthur RIMBAUD, octobre 1870)
C’est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l’herbe sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
Discours de ANTOINE Nicolas (6)
Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, anciens combattants,
Je tiens tout d’abord à vous remercier de vous être déplacés pour commémorer en notre compagnie l’armistice du 11 novembre. La fin de la première guerre mondiale, c’est un événement qui a marqué le cours de l’histoire. Il est essentiel de rendre hommage à nos disparus, ces hommes et ces femmes qui ont choisi de se battre pour la liberté et la démocratie, pour nous garantir un futur meilleur. Et si il serait inadmissible de ne pas leur rendre hommage, ce n’est pas sur leurs personnes que je m’attarderai aujourd’hui.
En effet, je préfère vous parler du fruit de leurs nombreux sacrifices. Car si aujourd’hui nous vivons en démocratie, c’est évidement parce que des citoyens courageux se sont sacrifiés pour les générations futures, pour nous. Et quand on regarde l’état du reste du monde on se rappelle qu’on est quand même bien logés et c’est grâce à leur courage. Alors évidemment quand nous regardons en avant désormais, nous pourrions parler de la crise économique, de la crise sociale qui frappe le pays. Mais je pense que vous trouverez des interlocuteurs plus à même d’échanger des idées avec vous sur ces sujets que moi-même.
Je préfère aborder un sujet qui a fait la force de notre pays pendant ces temps de guerres. La solidarité est un aspect important de notre nation. Ne clamions nous pas « L’union fait la force » lors de la libération ? Je pense hélas que l’union, la solidarité, l’entraide sont des valeurs que nous perdons ces derniers temps. Alors évidemment, libre à ceux qui le désirent de hurler leur envie d’indépendance, nous vivons en démocratie, il est important d’avoir une multitude d’opinions, de points de vue, d’idées sur l’avenir de notre pays. Mais je trouve qu’il est dommage de perdre ces valeurs qui font la cohésion de notre nation car ne dit-on pas « L’union fait la force » ?
Il y a toutefois quelque chose d’autre qui me chiffonne : pourquoi alors que le monde connaît le mot armistice et la valeur de ce mot ; pourquoi alors que les Hommes savent faire la paix, le monde est-il toujours un immense champ de bataille ? Pourquoi des hommes haut placés tolèrent-ils encore ces effusions de sang, la mort du peuple pour certains. Je ne comprends pas pourquoi ces gens ne savent pas tirer une leçon de votre courage, messieurs les anciens combattants. Je vous remercie encore pour votre sacrifice, pour votre courage, votre patriotisme, votre solidarité, votre sens des valeurs. Merci de vous être battus pour la Belgique, pour sa liberté et ses générations futures.
Car si aujourd’hui nous vivons dans un pays libre et démocratique, la situation aurait été bien différente si la guerre n’avait pas été gagnée. N’aurions-nous pas eu à vivre oppressés, dans la peur de l’occupant, alors je vous dis une dernière fois merci pour tout, merci à vous sans qui le passé, le présent et le futur auraient étés bien différents.
Discours de GUEBEN Renaud (6e)
Chers anciens combattants, Monsieur le bourgmestre, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Nous voilà réunis ici pour commémorer cet armistice du 11 Novembre. Ce jour, comme chaque année, nous donne l’occasion de nous rappeler le sacrifice de ceux qui ont combattu pour la démocratie et la liberté.
Ce 11 Novembre est l’anniversaire de la fin de la Première Guerre Mondiale, véritable massacre qui a fait près de 20 millions de morts sans compter les nombreux mutilés et invalides. Nous devons rendre hommage à ces hommes qui ont combattu dans la boue et le froid. Ils ont quitté leur foyer pour ces glaciales tranchées sans savoir s’ils reverraient leur femme et leurs enfants. Mais malgré cela ils ont lutté bravement durant quatre ans. Nous, enfants, petits-enfants ou arrières petits-enfants, souvenons-nous de cette fresque de courage, de leur incroyable force de caractère.
À la fin de ce que nos pères ont appelé la Grande Guerre, l’Europe est sortie déchirée et bouleversée. Dans ce climat de rancœurs, ce n’est pas la paix qui s’est dessinée mais une nouvelle menace. Prônant la haine, la vengeance et la conquête, les ombres du fascisme et du national-socialisme se sont alors étendues, obscurcissant les valeurs fondamentales de la démocratie. Et en dépit des efforts de nos nations pour l’éviter, la Seconde Guerre mondiale a débuté. 65 millions de morts, des atrocités commises dans les deux camps… Je parle notamment de l’Holocauste des juifs et des bombes atomiques lancées sur Hiroshima et Nagasaki.
Ce 11 Novembre nous donne l’occasion de rendre hommage non seulement aux héros de la Grande Guerre mais aussi à ceux de toutes les autres guerres. Souvenons-nous de tous ces simples soldats plongés malgré eux dans cet enfer mais aussi de ces hommes, femmes et parfois même enfants qui ont défendu leur pays et leurs valeurs patriotiques, résistant chacun à leur manière contre les oppressions.
Winston Churchill avait compris quelque chose ; il a dit un jour : « Un peuple qui oublie ou ignore son passé se condamne à le revivre. ». C’est pourquoi nous sommes réunis en ce jour. Nous sommes là dans un souci de mémoire. Nonante cinq ans après ce 11 Novembre 1918, les guerres existent toujours. Au lieu d’assister à ce théâtre d’horreur et de désolation, restant simple spectateurs nous devons devenir acteurs ! On se doit de refuser la haine, l’injustice et l’extrémisme et essayer de résoudre pacifiquement les problèmes qui nous opposent afin de construire un monde amélioré, meilleur, mais surtout uni !
Nous devons rester vigilants afin que toutes ces guerres, ces conflits, ces massacres, ces boucheries, ces génocides disparaissent. L’Europe l’a bien compris en créant l’Union Européenne et l’ONU avec d’autres nations. Tout cela pour que votre héroïsme ne reste pas vain et pour généraliser et maintenir la paix.
C’est à nous désormais de l’appliquer au monde entier. Nous vous sommes reconnaissants de l’héritage que vous nous avez légué : la démocratie et la liberté. Maintenant, il est de notre devoir de perpétuer cette mémoire et de transmettre cet héritage aux générations futures et aux autres pays. L’Homme est un loup pour l’Homme, et la guerre est devenu presqu’une habitude chez lui, habitude dure à éradiquer mais je vis dans l’espoir qu’un jour nous pourrons enfin y remédier.
Pour les héros de la Belgique et du reste du monde, pour la paix retrouvée,
Je vous remercie.
Mesdames, Messieurs,
Un proverbe russe dit : vivrais-tu un siècle, apprends toujours. Un Homme, qui aujourd’hui, aurait cent ans, serait né sous les couleurs de l’automne en un jour frais du mois de Novembre 1913. Cet Homme aurait côtoyé, frôlé, au long des ans qui passent, les évènements que l’Histoire a mis sur son chemin. Et si parfois, de ces chemins lointains, il ne distingua qu’un vague nuage de poussière, d’autres fois, c’est avec ses entrailles qu’il respira les tumultes du temps, les tumultes des hommes. Qui que soit cet homme, quoi qu’il ait vécu, une chose demeure certaine : après cent-ans il a appris. Certainement, parmi bien des choses changées, des abolitions, des découvertes, des déceptions, une autre chose aura crû, lentement, subtilement, au-dessous des cicatrices et des victoires. Cette chose, c’est l’expérience. Tant que nous vivons, notre savoir s’amplifie et s’harmonise avec nos souvenirs. Notre expérience nous précède et fait qu’un jour, s’il est permis, nous pouvons dire : j’ai un siècle.
Pouvons-nous réellement parler de richesse quant à l’expérience qu’aura accumulée cet Homme ?
Ce savoir qu’il porte en lui par la force des évènements est-il par sa seule existence d’une grande valeur ? La réponse est Oui, sans aucun doute, mais elle comporte une condition. En effet, l’histoire d’un Homme, l’Histoire des Hommes n’acquiert sa vraie valeur que par la transmission. La vraie richesse est là, dans ce geste faisant passer d’un être à un autre toute une vie de mémoire. Et si nous sommes ici, réunis aujourd’hui, c’est pour oeuvrer ensemble à ce même travail de mémoire, afin d’imprégner nos consciences de ce bien d’une valeur inestimable. Tour à tour, nous devrons transmettre que ce soit à nos enfants, à nos petits enfants ou à qui que ce soit d’autre notre souvenir propre ainsi que celui de nos pairs ; car il est une chose que nous ne pouvons accepter ni concevoir, que cette richesse se perde.
Le vingtième siècle a été profondément meurtri par les deux guerres qui s’y sont succédées. Si la souffrance a été peu à peu résorbée, les ruines relevées, si aujourd’hui l’Europe connait la sérénité et la paix, c’est parce que nous conservons bien vif dans nos esprits l’héritage de nos prédécesseurs et ne voulons reproduire les erreurs qui ont tant marqué leur siècle.
Sans ce souvenir qui nous est si précieux, un mot, tel que celui de « guerre », se teinterait d’illusion, se ternirait de sa triste réalité. Le temps effacerait la proximité qui nous est indispensable à ne pas vouloir risquer de revivre la guerre. A cette proximité de mémoire se substituerait une proximité d’action qui, au lieu d’appartenir au passé, s’envisagerait dans un futur proche.
Cette sauvegarde est aujourd’hui d’autant plus importante que les prémices de l’oubli se font sentir de jour en jour un peu plus. Allons-nous, par trop d’assurance, par trop de confiance, nous endormir sur de fragiles acquis ? Allons-nous reposer aux pieds d’argile d’un géant de liberté ? Le pouvons-nous seulement ?
Nous est-il permis, en n’apportant aucun écho à la voix d’hommes qui se sont battus pour nous, de leur faire un affront de silence et d’apathie ? Il semble que, tout aussi déplorable que ce soit, cette voie insidieuse se soit à nouveau ouverte dans beaucoup d’esprits.
Et si aujourd’hui, nous consultons la boussole de la mémoire, le Nord indique l’oubli : la montée en puissance de la NVA le représente et insulte, par ses lettres trop noires, des vies sacrifiées à l’unité et à la subsistance d’un pays qui nous a vus naître et que nous n’espérons pas voir mourir.
Quand la boussole de la mémoire pointe vers le Sud, elle indique l’oubli : la France, pays de révolutions et de libertés s’étouffe dans un clivage politique stérile et qui ne semble faire croitre que l’engouement pour un parti nationaliste dont nous avons trop connaissance.
Enfin, à l’est l’oubli : sur une scène européenne de plus en plus faible, l’Allemagne se montre plus indépendante que conciliante.
Se peut-il seulement qu’en un seul siècle, après tant de sang versé, les prémices de ce que nous croyions être impossible se manifestent à nouveau ? Certainement, la guerre n’est pas à nos portes et il serait de mauvais ton de jouer les oiseaux de mauvaise augure. Simplement, tâchons de nous rendre reconnaissants envers ceux qui, n’ayant pas eu la chance de vivre en temps de paix, nous ont offert cette paix au prix de leur vie.
Mesdames, Messieurs, à l’heure où l’Europe, au grand croisement des générations, désorientée, se perdra pour de bon, un petit vent de passé devra rappeler à nos enfants ce qui a été vécu, ce qui a été encouru et surmonté. Nous sommes ici pour, à notre tour, creuser une tranchée de souvenir dans ce terreau fécond qu’est la mémoire.